•  

     

    Le « monde libre » que l’on mérite...

     

     

    La chute du Mur, il y a  un quart de siècle, a été un événement politique considérable, on oublie qu'elle a été aussi un bouleversement économique comme il ne s'en produit qu'un ou deux par siècles. 

    Du jour au lendemain ou presque, le "contre-capitalisme" disparaît , laissant le champ libre à une économie de marché planétaire. 

     

    En bâtissant cet entrelacs d'institutions techniques que constitue l'Union européenne, on a offert à l'Allemagne un redoutable accélérateur de puissance. Au gré des différentes étapes que constituèrent la réunification, la création de la monnaie unique puis la crise de l'eurozone, la République fédérale a lentement étendu son pouvoir sur l'Europe institutionnelle, au cours d'un processus où l'on peine à faire la part des choix volontaires et du simple enchaînement déterministe des causes et des effets.

     

    l'Allemagne, qui s'était déjà spécialisé dans l'usage à son profit de la main d'œuvre à bas coûts des pays de son hinterland d'Europe de l'Est, importe également, désormais, des travailleurs d'Europe du Sud fuyant la crise. 

      

    Les intérêts de l'Union européenne et ceux de l'Allemagne se trouvent désormais superposés. 

      

    Economie et restrictions tous azimuts , crises politiques profondes liée à l'enserrement des souverainetés nationales dans un écheveau institutionnel sur lequel l'Etat le plus puissant a réalisé une OPA, l'Union européenne s'est muée en véritable trou noir économique et démocratique. Il ne lui reste plus, pour parfaire le tableau, qu'à devenir un trou noir géopolitique. 

    En France,

    Trente années de destruction de l'État providence, pression sur les salaires. Baisse des dépenses publiques . 

    Toutes ces « réformes » sont mises à contribution,suppression  de milliers d’emplois publics, en arguant de la meilleure « efficacité » du niveau local sur le niveau national, afin de réduire les dépenses de l’État central. 

    Les signes d’une réforme en profondeur de l’État-Providence sont toujours plus visibles : les retraites,  la sécurité sociale ,l’hôpital,les allocations, la stigmatisation des chômeurs . 

     

    On a longtemps seriné que la construction européenne, œuvre de "visionnaires humanistes" qui ont su renverser les montagnes des litiges historiques et des égoïsmes nationaux, aurait rendu possible la paix et la prospérité en Europe pendant cinquante ans, et qu'elle pourrait encore, à condition d'être approfondie, accorder aux peuples européens plus de moyens de défendre leurs systèmes sociaux protecteurs construits dans la compétition mondiale. 

      

     L'Europe a d'abord été conçue parfaitement consciemment par ses initiateurs (dont les fondations et les entreprises de propagande étaient financées par les américains) comme un moyen  de promouvoir le libéralisme en rendant inoffensives pour le capital et la préservation du libre-échange les revendications sociales des peuples. Nicolas Sarkozy,  l'exprimait d'ailleurs sans détours devant ses amis de l'UMP en juillet 2008, soit en pleine période de crise du capitalisme financier et de remise en cause de façade des préconisations économiques néo-libérales. C'est aussi cela l'Europe ». 

    L'introduction de l'euro en 1999 et le choix d'accepter l'adhésion dans l'union de pays aux systèmes sociaux moins développés et protecteurs que ceux d'Europe de l'ouest (en 2004, adhésion, après la Finlande, la Suède et l'Autriche, en 1995, des Pays Baltes, de plusieurs pays de l'est, de la Chypre et de Malte, suivis par la Bulgarie et la Roumanie en 2007) ont vidé de tout contenu social et démocratique la construction européenne, celle-ci se réduisant à un vaste marché concurrentiel organisé pour servir les intérêts des grandes entreprises en mettant en concurrence les salariés et à un système de découragement de toute politique de reprise en main démocratique de l'économie et de la finance verrouillé par les Traités, la Commission, la BCE indépendante, et le Conseil des ministres européen dominé par la droite.

     

    Depuis 2005, les gouvernants européens ont utilisé les intérêts de l'intégration européenne comme une justification inattaquable pour piétiner la démocratie et les droits sociaux des peuples.

     Le Traité Constitutionnel Européen a été rejeté par une majorité des électeurs en France, en Irlande, en Hollande: qu'importe, ce n'est pas à ces petits peuples grincheux mal éclairés par leurs élites sur la nécessité d'en finir une fois pour toute avec les vieilles lunes de l'étatisme et du socialisme qui vont paralyser cette Europe libérale que l'on nous présente comme la fin de l'histoire...

    Dans les autres pays, on s'est dispensé de référendum, ce qui limitait les risques de rejet du Traité.

     Néanmoins, comme l'unanimité était requise, on maquille le traité constitutionnel rejeté là où on l'avait présenté à la population (sauf en Espagne) en traité de Lisbonne qui met tout autant l'accent sur les valeurs de concurrence libre, de refus des monopoles publics dans les services, et sur la nécessité d'alléger les charges et les contraintes légales pesant sur le marché du travail pour rendre les économies européennes plus compétitives.

     

    Le référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe (aussi appelé traité de Rome II ou traité de Rome de 2004) eut lieu le 29 mai 2005. À la question « Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe ? », le « non » recueille 54,68 % des suffrages exprimés. 

    Le résultat surprend les commentateurs politiques, alors que les partisans du « oui » avaient bénéficié de 71 % des intentions dans les médias télévisés entre le 1er janvier et le 31 mars. 

    Le résultat négatif du référendum, joint à celui des Pays-Bas trois jours plus tard, a scellé le sort du traité.Il s'agissait du troisième référendum sur un traité européen, après ceux de 1972 et 1992, mais il fut le premier à être rejeté.

    Le « monde libre » que l’on mérite...

    Trois ans plus tard, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la majorité des députés de droite et des socialistes ont contourné le vote populaire de 2005 en adoptant la loi de ratification du Traité de Lisbonne, copie conforme de la constitution européenne. 

     

     A lire aussi:

    Quand Alexandre Zinoviev dénonçait la tyrannie mondialiste et le totalitarisme "démocratique".

    Le paradoxe du « monde libre »

    L’Allemagne recréa son empire grâce à l’Union Européenne.

     

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique