• Quand le patient devient un client

    Le déficit de la Sécurité sociale ne s’explique pas par un excès de dépenses, mais par un déficit de recettes, lié notamment à l’augmentation des exonérations de cotisations sociales des entreprises — une véritable « contre-révolution » au regard du projet fondateur de 1945. La santé est devenue un coût à réduire pour l’Etat et un marché à conquérir pour le capital. La ritournelle médiatique sur la « nécessaire » réduction des dépenses de santé  démontre que l’amputation ne s’applique qu’à celles qui sont liées au service public de santé ou socialisées (la Sécurité sociale). Sont avantagés par ce processus l’assurance privée, à laquelle les dépenses sont transférées ; les médecins libéraux, dont les réformes récentes augmentent in fine les revenus ; et l’industrie pharmaceutique, qui bénéficie d’une économie de rente pour des progrès thérapeutiques souvent discutables.

     

    Aux États-Unis, la maladie peut conduire à des situations d’endettement dramatiques. En France, on a longtemps cru que le fameux « système-de-santé-que-tout-le-monde-nous-envie » serait épargné. Le patient est pourtant souvent amené à payer des dépassements d’honoraires exorbitants, en ville comme à l’hôpital, ou à affronter des déserts médicaux. Il subit les prix très élevés de l’optique, des soins dentaires ou des prothèses auditives. Plus généralement, il pâtit de la débâcle de l’Assurance maladie, qui ne rembourse qu’environ la moitié des soins courants auxquels est confrontée la grande majorité de la population. Ainsi, la maladie n’est plus seulement une épreuve physique et morale, mais aussi une épreuve financière, largement indexée sur les inégalités sociales. Le patient renonce de plus en plus aux soins, faisant les frais de cette évolution jusque dans son corps.

     

    S’il fréquente l’hôpital public, sa souffrance rencontre celle des soignants qui, face à la folie managériale, finissent par s’accuser eux-mêmes de maltraitance involontaire. Le système de soins, initialement pensé et construit pour protéger le patient, s’est donc littéralement retourné contre lui. Le patient se trouve dépossédé de son bien le plus précieux, sa santé, qui devient une formidable source de profit pour les cliniques privées, les compagnies d’assurances et l’industrie pharmaceutique. Il est grand temps de réagir.

    Notes:

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