L'imposture du "monde libre"
Un bien être sans pareil, de vraies libertés, un extraordinaire progrès social, d'énormes découvertes scientifiques et techniques, tout y était !
L'époque de la guerre froide a été un point culminant de l'histoire de l'Occident.
Mais, l'Occident se modifiait aussi presqu'imperceptiblement. L'intégration timide des pays développés, commencée alors, constituait en fait les prémices de la mondialisation de l'économie et de la globalisation du pouvoir auxquels nous assistons aujourd'hui. Celle-ci a, dès le départ, été pensée en termes de structures verticales, dominées par un pouvoir supranational. Sans le succès de la chute de l'URSS, il n'aurait pu se lancer dans la mondialisation.
Sa chute est la plus grande victoire de l'histoire de l'Occident ! Victoire colossale qui, permet l'instauration d'un pouvoir planétaire. Mais la chute de l'URSS a aussi marqué la fin de la démocratie. Notre époque n'est pas que post-soviétique, elle est aussi post-démocratique.
Le gouvernement mondial est dirigé par les gouverneurs des structures supranationales commerciales, financières et politiques:
Un monde d’un genre nouveau...
L' Union Européenne que nous n'avons pas nous-mêmes appelé de nos vœux se construit, à l’heure actuelle, sur la destruction, non seulement des États, mais, plus spécifiquement encore, de la souveraineté populaire et, donc, contre la Liberté elle-même .
L’Europe, par cette nouvelle forme de dictature - la dictature économique, nie, ainsi ouvertement l'existence de nos droits fondamentaux, patiemment durement et dûment obtenus par nos ancêtres au fil des époques..
Ce sont bien ces technocrates de la haute finance qui, privés en outre de toute légitimité démocratique puisque ce ne sont pas les peuples qui les ont élus, se voient aujourd'hui ,une trentaine d'année après la réunification allemande soudain propulsés, sans que nous n’ayons jamais été consultés sur la question, à la gestion de nos gouvernements.
Autant dire, effectivement, que c’est bien l’économie qui détermine aujourd’hui, au déni de toute démocratie, la politique.
De fait, loin de se vouloir au départ une entité politique, encore moins sociale, c’est un espace uniquement économique fondé sur la libre circulation des marchandises et donc, essentiellement capitaliste, que notre Union Européenne elle-même naquit en 1957, avec le traité de Rome. Preuve en est que cette actuelle UE se dénomma longtemps, jusqu’en 1992 (date de l’entrée en vigueur du plus politique traité de Maastricht), "Communauté Économique Européenne", appellation alors synthétisée sous le sigle de CEE. Dans un grand marché européen sans barrières commerciales, où les capitaux et les marchandises peuvent circuler librement,autrement dit le paradis rêvé du capitalisme, les usines s'installent là où c'est le plus rentable, c’est-à-dire le moins cher. Dans les pays de l'Est les salaires sont bas, alors que la formation et la productivité en usine est tout à fait semblable à la nôtre, voire meilleure. En Slovaquie, le Smic est de 380 euros par mois, contre 1.500 bruts chez nous,une mine d'or à exploiter!
Rien d’étonnant, en d’aussi bancales fondations, si, au bout de pareil processus logique, ce sont des banquiers, eux-mêmes issus de ce symbole du capitalisme le plus sauvage qu’est Goldman Sachs, qui, sans jamais rien nous demander de surcroît, prennent effectivement aujourd’hui la tête de nos Etats.
Le capitalisme démocratique et prospère, celui des lois sociales et des garanties d'emploi devait beaucoup à l'existence d'un adversaire communiste. L'attaque massive contre les droits sociaux à l'Ouest a commencé et s'est propagée suite à la chute du mur de Berlin.
La ville de Berlin,la partie ouest de la ville durant la guerre froide, îlot du « Monde libre » (selon la terminologie occidentale) sera très vite promue comme vitrine du système capitaliste et fut donc, à ce titre, massivement subventionnée par le gouvernement de la RFA naissante, aides qui couvraient plus de la moitié du budget de Berlin-Ouest.
Les entrepreneurs reçurent des aides considérables comme la « prime Zitter », un prêt à 6 % garantis, qui était censé pallier le manque chronique de main-d’œuvre. Les salariés berlinois même étaient choyés : une prime spécifique (le Berlinzuschlag) leur était versée, récompensant leur fidélité à la ville.
Durant la guerre froide,l'Allemagne de l'Ouest , Berlin-Ouest en particulier,
a artificiellement servi de vitrine du capitalisme.
De part sa situation insulaire Berlin Ouest n'était pas viable économiquement;l'état fédéral attribuait une aide financière très importante .5 milliards de dollars par an .Et 20 milliards de subvention au trafic aérien entre Berlin -Ouest et l'Allemagne fédérale ,Bonn prenant à sa charge 15% du billet d'avion entre Berlin et l'Allemagne occidentale .
Chaque personne qui travaillait à Berlin-Ouest touchait des subventions de l'état en plus de son salaire .
Les énormes subventions spécifiques à Berlin-Ouest attiraient aussi beaucoup les industriels, les usines comme BMW.
De nos jours ,la hausse des visiteurs venant de Londres,de Paris,Madrid,Rome, de New York et de San Francisco ne se traduit pas seulement par des essaims de non-germanophones alcoolisés dans les parcs de Berlin mais par l'avancée d'un capitalisme de masse globalisé à l'intérieur de la bulle anarcho-bohème de Berlin. Cela signifie des prix en hausse pour les habitants et par conséquent l'obligation de travailler plus ..
The New York Times, quant à lui, compare Berlin à Brooklyn. Selon le quotidien américain, la capitale allemande ne serait plus qu'une annexe de ce quartier ultra-gentrifié, prisée des fêtards new-yorkais frustrés, pour sa bière bon marché..
La doctrine du libre-échange mondialiste a été imposée au monde entier par les multinationales américaines, puis par toutes les multinationales.
La mondialisation ne fut assurément pas inspirée par les peuples, mais par les sociétés (ou firmes multinationales), les investisseurs et financiers internationaux. Maurice Allais soulignait que la doctrine du libre-échange mondialiste contemporaine a été imposée aux gouvernements américains successifs, puis au monde entier, par les multinationales américaines, puis par toutes les multinationales.
Le linguiste Claude Hagège rappelait ce mot de l’économiste américain J.K. Galbraith : « la mondialisation n’est pas un concept sérieux. Nous l’avons inventé pour faire accepter notre volonté d’exploiter les pays placés dans notre zone d’influence ».
Malgré le développement de la technologie et la baisse du coût des transports, la mondialisation exigeait encore que les entraves qui freinaient la libre circulation des capitaux, des marchandises, mais également des hommes soient supprimées. La politique cessa d’être alors le garant de la souveraineté des peuples et des nations. Elle devint le gérant du commerce.
Notes:
Berlin réunifiée ou la victoire du rentier