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La course aux profits, première cause de l’inflation

 

 

 La course aux profits, première cause de l’inflation

 

L’opportunisme de grandes entreprises a largement participé à la hausse des prix. Et pourrait même retarder la baisse de l’inflation.

 

 

On connait la principale cause de l’inflation depuis deux ans. Ce n’est ni la guerre en Ukraine, ni le dérèglement climatique, ni la crise énergétique. Le très sérieux Fonds monétaire international le révèle dans une étude parue cet été : « la hausse des bénéfices des entreprises représente près de la moitié de l’augmentation des prix en Europe au cours des deux dernières années ».

 

Les économistes du FMI ont établi que les entreprises ont augmenté les prix bien plus de que leurs coûts de production ne l’exigeaient. Il est vrai que les multinationales de la grande consommation, par exemple, continuent à afficher des profits insolents:Europe’s Inflation Outlook Depends on How Corporate Profits Absorb Wage Gains

Pour les multinationales, tout va très bien, merci

Tout va merveilleusement pour Unilever, qui exploite une trentaine de grandes marques en France (Magnum, Cif, Dove, Maile, Maïzena, Skip, Signal…). Son bénéfice net a atteint 7,6 milliards en 2022, en progression de 26 % sur un an. Sur le premier semestre 2023, il a encore progressé de 21 %, à 3,9 milliards d’euros. Cette croissance est uniquement due aux augmentations de prix, les volumes ayant légèrement baissé. Cet exemple illustre l’insolente santé des multinationales de la grande consommation, qui affichent des profits vertigineux, amplifiant l’inflation déjà galopante.

 

Plusieurs institutions, et pas des moindres, ont déjà alerté sur le risque d’un accord tacite entre ces grandes entreprises, qui maintiendraient à un niveau artificiellement élevé le rythme de hausse des prix afin de profiter de la période d’inflation. Fin mars, l’un des membres du directoire de la Banque centrale européenne, Fabio Panetta, exprimait le risque d’une spirale inflationniste liée aux profits, en pointant le « comportement opportuniste des entreprises qui pourrait retarder la baisse de l’inflation ».

 

 

Des profits excessifs qui interrogent

En France, c’est le président de l’Autorité de la concurrence qui alerte. « L’inflation ne retombe toujours pas, alors que les prix des matières premières et de l’énergie sont à la baisse, a déclaré Benoît Coeuré sur France Info. Il y a un risque qu’elle dure plus longtemps que prévu si les entreprises en profitent pour augmenter les prix au-delà de l’augmentation de leurs coûts »

 

L’Autorité de la concurrence souligne des « profits excessifs » réalisés par les entreprises, alors que la Banque centrale européenne a fixé comme objectif une inflation de 3 % cette année et 2 % en 2025. « Maintenant que les travailleurs font tout pour récupérer leur pouvoir d’achat perdu, les entreprises vont devoir accepter de moindres bénéfices », estiment les économistes du FMI. Il existe un terme anglais pour désigner ce phénomène, la « greedflation ». Qu’on pourrait traduire par « bénéflation », en français.

 

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