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La déshumanisation par la « nation-entreprise » .

 

 

 

 

La  déshumanisation par la « nation-entreprise » .

 

L’exemple de l’hôpital.

 

 

 

La déshumanisation, en son sens commun, correspond à l'action de déshumaniser, « de faire perdre son caractère humain à un individu, à un groupe, de lui enlever toute générosité, toute sensibilité ».

 Dans le domaine de la psychologie sociale, ce concept renvoie au processus psychologique par lequel un individu, ou un groupe d'individus, perçoit et traite d'autres êtres humains comme inférieurs au genre humain, n'étant que partiellement humains voire non-humains.

 

 

 

Manifestation à Paris du 4 décembre 2021

Karine a 47 ans et vit dans l'agglomération lilloise. Cette cadre commerciale chute sur la Grand Place de Lille vers 16H30, le jeudi de l'Ascension. Très vite sa cheville double de volume. Les pompiers la conduise au CHR de Lille. "Je me suis aperçue à ce moment là que je n'avais pas mis les pieds aux urgences du CHR depuis des lustres."

 

A 23H30, soit plus de six heures après son arrivée, Karine est plâtrée rapidement. "On m'enfile alors un pantalon de bloc trop petit ", car elle ne peut plus mettre son jean avec lequel elle est arrivée. "J'ai le jean autour du cou comme un sac. On me pousse vers l'accueil des urgences à minuit, j'ai le cul à l'air à cause du pantalon en papier trop petit. J'ai mal. Avec les béquilles je porte comme je peux mon dossier médical. J'attends le Uber, j'ai froid et je pleure d'humiliation. Je supplie les gens dans le hall de ne pas me regarder."

Elle se sent jetée, abandonnée en pleine nuit. Son plâtre dégoulinant lui glace les sangs.

Elle explique n'avoir vu que des soignants gentils mais pressés et des patients très patients qui "parfois demandent à partir en signant une décharge" tellement c'est insupportable d'être là. L'attente est violente.

Un monsieur lui raconte qu'il a passé 11 heures dans le circuit court, avant de partir finalement au bloc. Plus choquant encore selon Karine, ce circuit court qui "bafoue toutes les règles de discrétion" et de secret médical. "On panse dans la salle d'attente devant tout le monde. Un jeune homme à côté de moi doit parler de ses problèmes testiculaires (une contorsion) à l'interne, dans le hall. L'interne qui reçoit aussi un coup de fil du légiste de garde pour savoir si ça vaut le coup d'examiner le vagin de la jeune fille huit jours après. On entend tout, on sait tout sur tout le monde. "

C'est le quart monde ! J'avais l'impression d'avoir changé de siècle, de pays, d'être dans un dispensaire en Afrique. On entend les râles des gens qui souffrent à côté de nous. Il n'y a pas de rideaux, rien, aucune intimité.

 

Au CHU Grenoble Alpes, un médecin qui préfère garder l’anonymat décrit une situation critique : "Nous sommes 29 temps pleins pour 52 postes nécessaires aux urgences et au Samu. Il est courant d’accueillir une centaine de patients la nuit avec seulement 3 médecins de garde. Dans ces conditions, beaucoup d’entre nous préfèrent quitter l’hôpital. Rien qu’au mois de mai, 15 de nos collègues ont démissionné".

J’ai vu des personnes mourir dans les couloirs avant même que nous ayons pu les prendre en charge.

 

Ceux qui partent , osent raconter le pire. "J’ai vu des personnes, souvent âgées, mourir dans les couloirs avant même que nous ayons pu les prendre en charge. La situation est totalement indigne d’un pays civilisé du 21e siècle. Ce n’est pas pour nous que nous nous battons. Ce n'est plus un problème financier, c'est un problème d'humanité.

 Certains contextes actuels rendent inhumains certains espaces de la vie sociale. Des phénomènes tels que la bureaucratisation, l'automatisation, l'urbanisation et la mobilité géographique peuvent créer un terrain favorable à la déshumanisation.

De manière plus spécifique, les conditions de vie concrètes que connaissent les français peuvent également avoir un effet sur la déshumanisation.

 

 

 

Quand les conditions de vie en société deviennent difficiles, que la subsistance des personnes n'est plus assurée et que les besoins de base ne peuvent plus être satisfaits, une idéologie plus favorable à la violence peut émerger. La déshumanisation peut occasionner la montée de la violence collective.

Trente années de destruction de l'État providence, pression sur les salaires. Baisse des dépenses publiques

Toutes ces « réformes » sont mises à contribution,suppression  de milliers d’emplois publics, en arguant de la meilleure « efficacité » du niveau local sur le niveau national, afin de réduire les dépenses de l’État central.

Les signes d’une réforme en profondeur de l’État-Providence sont toujours plus visibles : les retraites,  la sécurité sociale ,l’hôpital,les allocations, la stigmatisation des chômeurs .

 La loi Bachelot connue  sous le terme « Hôpital, patients, santé et territoire », HPST en  abrégé, porte la réforme de l'hôpital  promulguée le 21 juillet 2009. Elle a été préparée fin 2008 par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot Sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Elle y est ministre de la Santé de 2007 à 2010(gouvernements Fillon I et Fillon II) et ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale de 2010 à 2012 (gouvernement Fillon III).

 Cette loi a supprimé "le service public hospitalier" pour le remplacer par "des établissements de santé aux statuts variables". Elle a supprimé tout pouvoir du soignant pour donner tout le pouvoir aux gestionnaires. Elle a signifié formellement la fin des services qui regroupent les équipes soignantes, remplacés par des "pôles" de gestion. Elle a consacré le pouvoir du directeur, "seul patron à bord", sous la tutelle étroite du directeur de l’ARS (ndlr : Agence régional de santé), véritable préfet sanitaire aux ordres du gouvernement.

 

 Le seul objectif fixé à cette immense machine bureaucratique est celui de la rentabilité promue par la généralisation de la tarification à l’activité (T2A). L’augmentation des activités "rentables" est  devenue l’obsession partagée des directeurs et des médecins gestionnaires.

 

Ainsi s’applique en pratique le concept "hôpital entreprise"…

 

Notes:

Crise à l'hôpital : "La situation est indigne d'un pays civilisé", la détresse des soignants du CHU Grenoble Alpes

Témoignages. La crise aux Urgences vue des patients : "c'est le quart monde. J'ai cru que j'avais changé de siècle, de pays."

 Néolibéralisme,casse toi pauvre con!

 

 

 

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